Pascal, prophète et résistant
Le 24 mars de 9h à 12h30
Le 25 mars de 9h à 13h
Salle Boris Vian
Entrée libre et gratuite.
Colloque international organisé par Dominique Descotes, Laurence Plazenet et Laurent Thirouin
Sans doute l’un des plus connus des écrivains français, en partie grâce à l’extraordinaire empan de son oeuvre – scientifique, morale, et spirituelle –, Pascal demeure, à la veille du 400e anniversaire de sa naissance, profondément énigmatique. Le constat tient à des éléments factuels : il a achevé très peu de ses textes, que leur publication posthume a tronqués ou altérés. Les Pensées, en particulier, n’ont été diffusées, avant l’édition de Louis Lafuma parue en 1951, que dans des versions procédant à des regroupements arbitraires qui bouleversent irrémédiablement l’ordre conçu par l’auteur. La tâche reste immense pour interpréter cette organisation dont on a longtemps tout ignoré. Loin de relever du rabâchage, la recherche pascalienne, grevée, qui plus est, par les contresens de l’époque romantique, est un champ encore neuf et ouvert à toutes les investigations.
Le colloque organisé par le Centre international Blaise Pascal du 23 au 25 mars 2023 se propose ainsi de mettre en regard une certaine forme d’anachronisme de Pascal par rapport à son époque, une certaine forme en lui de résistance à l’air de son temps, et sa capacité stupéfiante à s’adresser au nôtre, qui lui confère souvent les accents d’un prophète. En lutte contre les enseignements institutionnels, il joue un rôle de premier plan dans l’établissement d’un nouveau paradigme scientifique, qui est toujours le nôtre. Sur le plan religieux en revanche, il résiste aux évolutions d’une modernité portée à l’accommodement. Héritier, penseur révolutionnaire selon toutes les acceptions du terme, réticent aux dogmes et aux modes de ses contemporains, Pascal devient par là visionnaire et prophète, alors même que la prophétie vient l’ancrer aux sources de la parole et de la Bible. La mère Agnès Arnauld, abbesse du monastère de Port- Royal, dont Pascal fut si proche, écrivait dans une lettre du 21 octobre 1668 à son frère Antoine, qui la pressait de signer le Formulaire contre les objections de sa conscience : « Nous demandons à Dieu qu’il ne nous réduise pas à l’état de Job, qui avait tous ses amis pour adversaires, au lieu que nous avons eu jusqu’ici tous les nôtres pour protecteurs ». La formule peut valoir pour Pascal, Job des temps modernes à considérer la manière dont les siens mêmes ont voulu l’adapter aux usages de leur siècle. La rencontre a donc pour ambition, ni plus ni moins, de tenter de restituer les contours du vrai Pascal : homme de combat, à rebours de toute casuistique, inquiéteur intemporel par son indifférence au désir d’être de son temps, poète d’un monde que la science du XVIIe siècle renouvelle en le faisant passer de la finitude à l’infini.
Quel est le lieu de Pascal ? Une vingtaine de spécialistes reconnus, littéraires, scientifiques, épistémologues ou philosophes, viendront présenter le résultat de recherches envisagées pour fournir, dans une perspective résolument pluridisciplinaire, une réponse à cette question. On espère qu’ils apporteront, ce faisant, les matériaux d’une refondation des études pascaliennes entée, non pas sur la considération de ses gloses, mais sur l’oeuvre elle-même de Pascal.