Publié le 11 septembre 2023 Mis à jour le 25 septembre 2024
Complément date
18h
Lieu(x)
Hôtel littéraire Alexandre Vialatte - Place Delille - Clermont-Ferrand

Auteure en résidence SUC/DRAC

Le Service Université Culture propose une soirée littérature avec Emmanuelle Salasc (auteure en résidence 2024-2025 SUC/DRAC Auvergne-Rhône-Alpes).

Cette année, le Service Université Culture accueille Emmanuelle Salasc en résidence, avec l’aide du ministère de la Culture – DRAC Auvergne Rhône Alpes.
La résidence lui permet de mener un travail personnel de recherche et de création et de conduire, à partir de son travail, des actions de médiation dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle. Elle propose des consignes d’écriture et accompagne le travail des étudiants des ateliers Création littéraire sur la thématique en lien avec le festival Littérature Au Centre dont elle est un des invités. Elle intervient dans les cours de littérature au département de français de l’UFR Lettres, Culture et Sciences Humaines. 

Cette soirée sera aussi l'occasion de vous procurer le numéro 5 de la [Revue], présentant textes, gravures, dessins, sur le thème des sciences.
 

Emmanuelle Salasc

Mon parcours d’autrice a commencé par des envies de cinéma, que j’ai étudié jusqu’au D.E.A., puis j’ai passé l’agrégation d’Arts Plastiques, enfin j’ai commencé à publier des romans.
Aujourd’hui, cela fait plus de vingt ans que j’écris et publie. J’ai aussi co-écrit le premier long métrage de Nora Martirosyan, Si le vent tombe sorti en salle en mai 2021.

J’habite en zone de montagne, au milieu de ce qu’on appelle l’hyper-ruralité ou la diagonale du vide. La plupart de mes livres se situent dans divers milieux ruraux, toujours en lien avec
l’histoire des personnages : ce monde rural n’est jamais un décor, mais constitue une des structures du récit que je développe, ce récit ne pourrait pas avoir lieu ailleurs.

Dans Le tiroir à cheveux, une jeune fille se débat pour garder son fils handicapé dans un village du midi entouré de vignes, après avoir passé son enfance et son adolescence dans la
gendarmerie de ce même village.

La narratrice des Adolescents troglodytes, revenue sur le plateau d’altitude où elle a vécu enfant, est conductrice de navette scolaire. Elle essaie de se faire une place dans ce monde
montagnard qu’elle connait bien mais dans lequel elle se sent à l’écart : revenue dans un nouveau corps, elle est perçue comme une étrangère et, de fait, elle n’est plus la même.

Les Mains gamines décrit un environnement délétère entre vignes et châtaigneraies dans lequel une petite-fille a été agressée et harcelée durant toute son année de CM2.

Dans un Renard à mains nues, des marginaux dessinent un parcours au sein de zones désertées (petites villes, routes de campagne).

La Trilogie des rives m’a permis d’explorer le lien entre l’homme et l’eau, dans trois romans explorant un moulinage ardéchois (Ligne & Fils), un lac de barrage de l’arrière-pays héraultais (Saufs riverains), et une zone d’étangs (Serez-vous des nôtres ?).

Dans le film que j’ai co-écrit avec Nora Martirosyan, Si le vent tombe, il était encore question de ruralité, puisque le Haut Karabakh, véritable « héros » du film, était un pays essentiellement agricole (son nom signifie « jardin noir », c’est-à-dire fertile, ce « jardin » n’existe plus aujourd’hui), et nous avons mis en valeur ce caractère rural dans l’intrigue du film.

Dans mon dernier roman, Hors gel, j’ai essayé d’imaginer ce que pourrait devenir la haute montagne (et en particulier l’agriculture de montagne) dans une trentaine d’années… tout en
remontant le récit en amont, jusqu’à la fin du XIXème siècle, quand une lave torrentielle avait inondé la vallée.

Ce roman de légère anticipation vient clore tout un cycle de recherches sur les relations de l’homme à son corps, puis de l’homme à la nature, en particulier le lien de l’homme et de l’eau.
Ce sont des questionnements proches qui m’ont conduite à travailler sur un fait divers : le principal accusé avait une relation très particulière et très forte à son jardin, devenu une attraction touristique, qui était aussi son lieu d’habitation. Avec ce roman, je commence un autre cycle de recherches centrées sur l’homme et son habitat, mais toujours en milieu rural.

Voici un résumé de l'affaire : Un soir d’automne 2017, les époux M sont agressés dans leur maison par deux cambrioleurs armés. L’homme tue d’un coup de fusil l’un des deux malfaiteurs, l’autre prend la fuite. Les deux propriétaires sont bien connus dans la région : leur jardin, mis à l’honneur par une émission de télé-réalité, est une attraction touristique très visitée. Plaidant la légitime défense, monsieur M est mis en examen pour homicide volontaire, avant d’être laissé libre.
Mais quand le voleur survivant est arrêté, il accuse le propriétaire d’avoir commandité son propre cambriolage. Celui-ci est incarcéré et mis en examen pour complicité de tentative d’extorsion en bande organisée, en plus de l’homicide. L’affaire prend une autre tournure encore avec la découverte de plusieurs centaines de milliers d’euros cachés dans la propriété, dans un contexte de disputes violentes : madame M, défigurée par un terrible accident de cheval, humiliée par l’infidélité de son mari, faisait des crises terribles. L’accusation prétend que le mari a recruté l'équipe de malfaiteurs pour effrayer son épouse et la faire partir du domaine. Madame M et le fils du couple sont convaincus de la culpabilité de monsieur M, tandis que leur fille, elle, soutient son père. La famille se déchire. Monsieur M sera acquitté en appel de la commandite du home-jacking, mais condamné pour le meurtre, sans la circonstance de légitime défense. À ce jour, il est encore en détention. J’échange régulièrement avec lui : très prolixe sur son histoire, il tient à me démontrer qu’il est « un gars bien ».

Pour la première fois, j’écris un roman de non fiction, autour de cet endroit très particulier - une ancienne carrière de basalte devenue un jardin paysager - dans lequel le fait divers s’est produit. Il sera question de vignes, de melons et de maïs OGM, cultivés tout autour de la carrière, et bien sûr de ce jardin touristique, que je considère depuis ma posture surplombante de rurale intellectuelle comme kitsch et artificiel… ce qui m’amène à écrire à nouveau sur ces notions de paysage et d’authenticité, d’agriculture et de nature. Je suis confrontée (littéralement et littérairement, puisque nous sommes tous les deux personnages de ce roman) à un personnage aux antipodes de ma personnalité et de mes convictions : un homme d’extrême droite, considérant sa maison comme un sanctuaire, cultivant un jardin « décoratif » et touristique avec une multitude de produits phytosanitaires, un homme de plaines qui plus est, quand je rechigne à descendre en dessous de mille mètres… mais c’est aussi cela, le monde rural, et cet homme, dont l’histoire me touche, a son mot à dire.

Enfin je commence tout juste les recherches pour un autre roman, toujours de non fiction, où il est question de crimes et de délits (trois homicides et des « atteintes volontaires à la vie
d’animaux ») dans le milieu de la chasse, de la forêt et de communautés hippies encore en « activité ».

Ces deux livres en cours, ainsi que les recherches effectuées pour Hors gel, m’ont inspiré des pistes de travail avec les étudiants.

Bibliographie
Ni de lait ni de laine
nouvelles, éditions P.O.L, avril 2024

Hors gel
roman, éditions P.O.L, août 2021, Folio septembre 2023
Sélections : Prix Paysages Écrits de la fondation Facim, Prix Wepler Fondation la Poste
Traduction : Australie et Commonwealth (Text Publishing, 2025)

Serez-vous des nôtres ?
roman, troisième partie de la Trilogie des rives, éditions P.O.L, septembre 2018
Prix littéraire des Grands Espaces Maurice Dousset et Prix Chapitre Nature

Saufs riverains
roman, deuxième partie de la Trilogie des rives, éditions P.O.L, janvier 2017
Prix du Roman d’Écologie
Sélections : Prix Louis Guilloux, Prix de la Page 112

Ligne & Fils
roman, première partie de la Trilogie des rives, éditions P.O.L, février 2015
Sélection : Prix Virilo, Prix RomanGier
À paraître en italien (L'Orma Editore)
Nouons-nous
fragments, éditions P.O.L, octobre 2013 (réédition avril 2024 en Format Poche P.O.L)
Sélections : Prix Louis Guilloux, Prix littéraire des lycéens des Pays de la Loire
Traductions : Croatie (éditions Ljevak, 2015), Suède (éditions Norstedts, 2016), Royaume-Uni /
USA (éditions And Other Stories / Two Lines Press, 2016)

Un Renard À mains nues
nouvelles, éditions P.O.L, avril 2012
Prix des lycéens en Ile de France
Sélections : Goncourt de la nouvelle, International Booker Prize
Traductions : Bulgarie (éditions Ergo, 2017), Royaume-Uni (Peirene Press, 2019), Italie (L'Orma
Editore, 2022).

L’Absence d’oiseaux d’eau
roman, éditions P.O.L, janvier 2010 / collection Folio (n°5272), éditions Gallimard, juillet 2011
Traduction : Italie (Barbes editore, 2010)

Les Mains gamines
roman, éditions P.O.L, août 2008
Prix Wepler Fondation La Poste, Prix Rhône-Alpes du Livre
Traduction : Allemagne (éditions Wagenbach, 2011)

Les Adolescents troglodytes
roman, éditions P.O.L, janvier 2007
European Union Prize for Litterature et Prix Rhône-Alpes de l’Adaptation Cinématographique Sélections : Prix Télérama / France Culture, Prix Lavinal du printemps des lecteurs, l'été des libraires, Prix Marguerite Audoux, Prix des lycéens de la région PACA, Sélection Lettres Frontière Traductions : Allemagne (éditions Wagenbach, 2008), Hongrie (éditions Mandorla, 2011), Espagne (éditions Lengua de Trapo, 2011), Bulgarie (éditions Ergo, 2012), Roumanie (éditions Casa Cartii de Stiinta, 2014), Croatie (éditions Meandar, 2014), Albanie (éditions Botime Pegi, 2017), Slovénie (éditions Hisa Poesije, 2018), Géorgie (Elf Publishing House, 2018), Pologne (éditions Format, 2018), Serbie (éditions Odiseja, 2019), Australie et Commonwealth (Text Publishing, 2020), Italie (L'Orma Editore, 2020).

Le Tiroir À cheveux
roman, éditions P.O.L, août 2005 (réédition septembre 2022 en Format Poche P.O.L)
Prix Télévision Suisse Romande du roman
Sélection Lettres Frontière
Traductions : Allemagne (éditions Wagenbach, 2009), Espagne (éditions Lengua de Trapo, 2006).