Découverte d’une gigantesque éruption sous-marine de l'ancestral Santorin
Pendant deux mois (décembre 2022 à février 2023), le Laboratoire Magmas et Volcans, unité mixte de recherche de l’Université Clermont-Auvergne (UCA), associée au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS, UMR 6524) et à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD, UMR 163), a co-dirigé une expédition internationale de forage en mer dénommé "IODP Expedition 398 : Hellenic Arc Volcanic Field". Les travaux scientifiques menés en eau profonde dans et autour du champ volcanique de Christiana-Santorini-Kolumbo en Grèce ont permis de révéler l'une des plus grandes éruptions enregistrées sur l'arc égéen méridional.
Un article scientifique publié le 15 janvier 2024 dans le journal Nature Communications Earth & Environment décrit l’existence d’un dépôt géant de ponce et de cendres, échantillonné sur sept sites offshores autour de l'île de Santorin. Le Santorin est emblématique en volcanologie et archéologie pour son éruption de l’âge de bronze, qui a peut-être joué un rôle dans le déclin de la civilisation minoenne de Crète. Cette nouvelle découverte montre que le volcan Santorin a produit des éruptions sous-marines beaucoup plus importantes dans son passé qu’on le pensait.
Baptisé ‘Archaeos Tuff’, le dépôt nouvellement découvert indique qu'une éruption sous-marine peu profonde du volcan s'est produite il y a 0.5 million d’années. La rupture de la surface de la mer par la colonne éruptive a recouvert trois îles de minces dépôts volcaniques. Les courants pyroclastiques déversés sous la mer ont entraîné de l'eau et se sont transformés en énormes courants de turbidité, formant un dépôt sous-marin d'un volume supérieur à environ 90 km3, atteignant des épaisseurs allant jusqu'à 150 m. Ceci le rend six fois plus important que les dépôts de courants pyroclastiques de l'éruption minoenne. Dans une perspective plus récente, les dépôts pyroclastiques de l'événement volcanique Hunga Tonga-Hunga Ha'apai du 22 janvier 2022 étaient dix fois plus petits que les dépôts cartographiés de l'ancien événement de Santorin. Il est cependant très peu probable qu’une telle éruption se répéte dans la zone de Santorin dans un avenir proche.
L'expédition 398 a été menée par 32 scientifiques de 9 pays, spécialisés dans un large éventail de disciplines géoscientifiques. Elle s’inscrit dans un programme de recherche international (IODP) multidécennal soutenu par 22 nations, dont l'objectif est d'explorer l'histoire et la structure de la Terre enregistrées dans les sédiments et les roches des fonds marins et de surveiller les environnements sous-marins.
Plus d’informations : Tim Druitt, Laboratoire Magmas et Volcans (LMV/UCA), co-directeur de l'expédition, Contact :tim.druitt@uca.fr Sur le programme de recherche : www.iodp.org Sur le Laboratoire Magmas et Volcans : https://lmv.uca.fr/fr/ |