Publié le 12 juin 2023 Mis à jour le 13 juin 2023

L’ouvrage Migrations. Le creuset clermontois XIXe-XXIe siècle nous donne à voir les dynamiques sociales migratoires qui ont façonné l’histoire et l’urbanisme de la ville de Clermont-Ferrand du début du XIXe siècle à nos jours.

L’Auvergne, une région enclavée ? Ces reliefs volcaniques, qui lui ont récemment valu une reconnaissance internationale par l’inscription de la Chaîne des puys – Faille de Limagne au patrimoine mondial de l’Unesco, ont-ils vraiment empêché la région de s’intégrer aux dynamiques nationales et européennes ? En réalité, l’Auvergne est insérée depuis l’Antiquité dans des réseaux commerciaux allant jusqu’en Italie et en Allemagne, comme en atteste la circulation de céramiques sigillées produites à Lezoux. Elle a ensuite été intégrée à d’autres formes de mobilité, qu’il s’agisse de la première croisade lancée par Urbain II depuis Clermont, des systèmes de migrations commerciales circulaires qui reliaient des villages cantaliens à l’Espagne du XVIIe au XIXe siècle, ou des Auvergnats de Paris, qui pendant plusieurs générations ont maintenu un lien étroit avec leur commune d’origine. Les mouvements migratoires se sont intensifiés à partir du XIXe, mêlant populations issues de l’exode rural, réfugiés et travailleurs coloniaux ou étrangers.

Clermont-Ferrand a ainsi constitué de longue date un centre administratif, économique, universitaire et ecclésiastique qui attirait les populations. Prisonniers de guerre, réfugiés politiques, paysans auvergnats et ouvriers étrangers y ont été brassés dans un creuset qui s’ignore, tout comme longtemps la France dans son ensemble a occulté avoir été un pays d’immigration, et même le principal dans l’Europe du XIXe siècle. L’objectif de ce livre est d’analyser ce creuset clermontois, à la fois sous l’angle historique, par un regard rétrospectif, et sous l’angle d’une situation actuelle riche en perspectives d’avenir. Issu d’un colloque qui avait été organisé par Jean-Philippe Luis et Michel Streith les 18 et 19 novembre 20181, ce livre voudrait montrer que Clermont-Ferrand a été et reste en capacité d’être un creuset de populations.

L’ouvrage Migrations. Le creuset clermontois XIXe-XXIe siècle nous donne à voir les dynamiques sociales migratoires qui ont façonné l’histoire et l’urbanisme de la ville de Clermont-Ferrand du début du XIXe siècle à nos jours. Paysans auvergnats, réfugiés, prisonniers de guerre, ouvriers d’Europe et d’Afrique, étudiants et sportifs des pays asiatiques se sont succédé. Toutes ces populations ont contribué à faire de la ville un centre économique, politique, universitaire et ecclésiastique important au sein d’une vaste région rurale.

"L’objectif de ce livre est d’analyser ce creuset clermontois, à la fois sous l’angle historique, par un regard rétrospectif, et sous l’angle d’une situation actuelle riche en perspectives d’avenir."


Karine Rance est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université Clermont Auvergne. Membre du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures », elle mène des recherches sur l’histoire des migrations politiques à l’époque de la Révolution française et du premier XIXe siècle, sur le thème de la rencontre interculturelle, ainsi que sur les ego-documents.

Michel Streith est anthropologue, directeur de recherche au CNRS, directeur-adjoint de la MSH de Clermont-Ferrand de 2014 à 2020. Ses travaux portent sur les dimensions psychologiques et sociales des changements en agriculture et les recompositions à l’œuvre dans les mondes ruraux contemporains.

Jean-Philippe Luis fut professeur d'histoire contemporaine à l'Université Clermont Auvergne et directeur de la Maison des Sciences de l'Homme de Clermont-Ferrand de 2014 à 2020. Ses recherches portaient sur l’histoire de l’Espagne de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle et plus particulièrement sur la question de la modernisation de l’État.