Quand les microplastiques s’installent à la table du microbiote
Communiqué de presse.
Présents partout autour de nous, les plastiques représentent une menace pour l’environnement, mais aussi pour les humains. Dégradés sous forme de microplastiques, ces composés se retrouvent dans notre alimentation. Des scientifiques d’INRAE, en collaboration avec l’Université Clermont Auvergne, ont réalisé des travaux pionniers pour évaluer leurs impacts sur le microbiote intestinal. Des résultats parus dans Journal of Hazardous Materials.
Apparu au début du 20ème siècle, le plastique a révolutionné le quotidien de milliers de famille. Mais sa production massive ces 50 dernières années a abouti à une pollution environnementale tout aussi importante.
Les plastiques se dégradent en particules de plus petite taille, appelées microplastiques. Ils sont présents dans tout l’environnement, notamment dans la chaîne alimentaire. Nous en mangeons donc forcément. Mais alors quel impact sur notre sphère digestive ?
Pour répondre à ces questions, des scientifiques INRAE et de l’Université Clermont Auvergne ont utilisé un modèle in vitro original qui reproduit l’environnement du côlon humain, l’élément final de la digestion. Ils ont pu ainsi étudier le devenir du plastique le plus largement fabriqué au monde, le polyéthylène (PE). Les interactions possibles de ces microplastiques de PE ont été passées au crible : avec les processus de digestion, avec le microbiote intestinal, mais aussi avec la barrière intestinale1.
Ces analyses permettent une conclusion claire : les microplastiques de PE modifient le microbiote intestinal in vitro. Les effets varient en fonction des individus, mais une tendance se dégage. On constate une augmentation de bactéries pouvant être néfastes et une diminution de bactéries bénéfiques pour la santé. Une nouvelle encourageante cependant : ces changements n’impactent pas l’intestin dans sa fonction de barrière. Il conserve son imperméabilité et ne présente pas d’inflammation.
Ces premiers résultats fournissent des informations pionnières capitales pour comprendre les interactions entre microplastiques et corps humain. Une piste supplémentaire pour une meilleure évaluation des dangers et risques sanitaires liés aux plastiques et microplastiques.
1La barrière intestinale comprend l’épithélium (peau tapissant l'intestin) et le mucus, qui joue un rôle fondamental dans la fonction barriere de la muqueuse intestinale.
- Le polyéthylène : de sauveur à ennemi
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Simple et peu cher à fabriquer, le polyéthylène est la matière plastique la plus commune. En moyenne, 100 millions de tonnes sont produites chaque année, dont la moitié pour fabriquer des emballages comme les sacs plastiques pour les courses. En plus d’être un produit pétrosourcé, il faut entre 100 et 400 ans pour qu’il se dégrade dans la nature.
Plus d'informations :
Elora Fournier, Mathilde Leveque, Philippe Ruiz, Jeremy Ratel, Claude Durif, Sandrine Chalancon, Frederic Amiard, Mathieu Edely, Valerie Bezirard, Eric Gaultier, Bruno Lamas, Eric Houdeau, Fabienne Lagarde, Erwan Engel, Lucie Etienne-Mesmin, Stéphanie Blanquet-Diot, Muriel Mercier-Bonin, Microplastics: What happens in the human digestive tract? First evidences in adults using in vitro gut models, Journal of Hazardous Materials 442 (2023) 130010, https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2022.130010