Publié le 25 octobre 2022 – Mis à jour le 25 octobre 2022
Un texte de la Minute Recherche par Alfredo Mayoral, Gérard Vernet, Olivier Voldoire et Emmanuelle Defive (GEOLAB, unité mixte de recherche CNRS / Université Clermont Auvergne / Université de Limoges).
Le marais de Sarliève, un ancien lac quelques kilomètres au sud de Clermont-Ferrand, est le seul enregistrement sédimentaire lacustre qui puisse être utilisé pour reconstruire les paléoenvironnements de la plaine de Limagne, et il est précieux pour comprendre les interactions socio-environnementales sur le long terme.
Une nouvelle étude dans le marais de Sarliève a permis de retracer les interactions entre volcans, climat, paléoenvironnements et sociétés préhistoriques durant l’Holocène (onze derniers millénaires environ) dans la Limagne, au cœur du Massif Central. Le secteur est bien connu pour sa richesse archéologique, dont l’oppidum de Gergovie est le site le plus célèbre. De nombreuses études ont tenté d’étudier des carottages du marais depuis les années 1960, mais elles ont toutes échoué à dater précisément la séquence sédimentaire, ce qui a entravé la recherche pendant des décennies. Dans le but de dépasser ce blocage, nous avons entrepris des nouveaux carottages sédimentaires au cœur du marais. Après la datation au radiocarbone d’échantillons soigneusement triés, la chronologie de la séquence sédimentaire a pu être finalement établie avec précision. Des analyses sédimentologiques, géochimiques et microscopiques à haute résolution sur les carottes ont permis d’aboutir à une réinterprétation de l’histoire paléoenvironnementale du marais de Sarliève, ainsi que de mieux cerner des aspects cruciaux de l’interaction socio-environnementale à l’échelle du bassin-versant. Cinq nouvelles retombées volcaniques holocènes ont été détectées dans l’enregistrement sédimentaire, en cohérence avec des éruptions connues à l’échelle régionale. Une nouvelle phase d’activité volcanique intense, jusqu’ici insoupçonnée, a été détectée entre 7500 et 5800 ans avant le présent, et a fortement affecté le bassin-versant par l’accumulation de cendres et particules volcaniques dans le marais.
Depuis 5500 ans, une forte érosion d’origine anthropique semble avoir touché les sols du bassin versant, certainement causée par les impacts agricoles des sociétés Néolithiques. Des phases de bas niveaux lacustres ont été repérées durant l’Age du Bronze similairement à d’autres détectées dans les Alpes occidentales, suggérant des périodes plus sèches. Les analyses montrent que le bassin de Sarliève aurait été drainé au premier Age du Fer vers 600 ans av. J-C, montrant que les sociétés Hallstattiennes avaient déjà la capacité de modifier l’environnement hydraulique des zones humides bien avant les périodes gauloise et romaine.
Les résultats de ces recherches redessinent les interactions socio-environnementales Holocènes en Limagne et seront le support d’études plus approfondies dans les prochaines années.