Publié le 26 juin 2020 Mis à jour le 26 juin 2020

Un texte de la Minute Recherche par Georges Brousse et Valentin Flaudias (NPsy-Sydo).

La dépendance, que ce soit à l’alcool, au tabac, à d’autres substances ou à certains comportements, est multifactorielle et donc forcément complexe. Un des symptômes les plus prégnants dans la pathologie est appelé le « craving ». Il s’agit d’une envie de consommer, ou d’avoir un comportement, décrite par les patients souffrant de ces troubles comme irrésistible.
Ce symptôme est décrit depuis plusieurs décennies maintenant, mais en raison de sa dimension subjective, le craving reste difficile à appréhender et donc à être une cible thérapeutique efficace.

Notre équipe, en lien avec des chercheurs de l’université de Louvain (Belgique), dresse un état des lieux des derniers modèles théoriques de l’addiction en s’appuyant sur des données de neuroimagerie (Imagerie par Résonnance Magnétique ou IRM) et offre un cadre cohérent de compréhension à ce symptôme majeur.
Notre modèle propose une vision intégrative du craving allant de la part inconsciente à consciente de ce symptôme, ce qui permettrait ainsi de mieux appréhender ce dysfonctionnement central des addictions.

Pour cela, le modèle s’appuie sur une articulation de quatre systèmes cognitifs, reposant sur des données neurobiologiques :
  • Un système « émotionnel » qui implique l’ensemble des processus liés à la reconnaissance et au ressenti des émotions,
  • Un système de « contrôle » qui assure la gestion de l’ensemble des informations disponibles dans notre cerveau en les hiérarchisant,
  • Un système « intéroceptif » qui implique l’ensemble des processus liés à la perception corporelle,
  • Un système dit « métacognitif » qui correspond aux capacités de l’individu à ressentir et comprendre son propre fonctionnement cérébral.
La dépendance résulte d’un dérèglement dans l’articulation de ces systèmes qui conduit certains systèmes à être suractivé par rapport aux autres (ex : le système émotionnel devient tellement intense qu’il empêche le système de contrôle de fonctionner de manière adéquate). En fonction de l’état d’avancement de la pathologie, les systèmes fonctionneraient différemment, et conduiraient donc à des sensations de craving différentes.

Bien qu’encore très conceptuel, ce nouveau cadre théorique offre de nouvelles perspectives de compréhension et thérapeutiques pour réduire l’importance du craving et donc en faciliter la prise en charge.


Autre laboratoire partenaire :

  • Université Catholique de Louvain (Belgique)