Universités en danger, l'UCA se mobilise
Face à une situation budgétaire incertaine des universités, l'Université Clermont Auvergne (UCA) a rejoint la journée de mobilisation organisée par France Universités pour un refinancement urgent. L'Université ne peut assumer ces nouvelles charges sans compromettre l’avenir de sa jeunesse et son territoire.
Lors de l'assemblée générale tenue ce 3 décembre, le président de l'UCA a exprimé son inquiétude profonde quant à l'avenir des universités françaises :
« C'est une journée de mobilisation qui est complètement inédite dans l'histoire des universités françaises . C'est la première fois que l'ensemble des présidents d'universités, quelle que soit leur sensibilité, quelle que soit l'université qu'ils président, se mobilisent de la sorte ».
Une situation budgétaire alarmante
Le président a dressé un tableau préoccupant de la situation financière actuelle : « Fin 2024, trois universités sur quatre auront un déficit significatif », a-t-il annoncé. « Ce n'est pas parce qu'elles ont mal géré, mais parce qu'elles ont été délibérément mises en déficit par l'État, qui a transféré des charges sans les moyens correspondants. »
Pour l'UCA et ses établissements composantes, Clermont Auvergne INP et l'École Nationale Supérieure d'Architecture, la situation est tout aussi critique.
« La quasi-totalité des universités seront en déficit en 2025 . Pour certains, la trésorerie ne permettra pas de payer les salaires au dernier trimestre 2025 ».
Les causes d'une crise sans précédent
Revenant sur les origines de cette crise, le président a rappelé que le modèle économique des universités a été fragilisé depuis plusieurs années. « Le système s'est totalement déréglé à partir de 2022, sous l'effet notamment de la crise inflationniste », a-t-il expliqué. Les mesures de revalorisation salariale dites "Guérini", non compensées par l'État, ont fortement impacté les budgets universitaires.
« Pour l'UCA, entre 2022 et 2024, cela représente 13,5 millions d'euros de charges supplémentaires », a-t-il précisé. « Ce n'est pas avec des mesures d'économie ponctuelles que l'on peut financer ces charges nouvelles ».
Refus des solutions inacceptables
Face à cette situation, le président a exprimé son refus de prendre des mesures qui mettraient en péril l'avenir de l'université. « Je refuse d'arrêter de recruter des personnels pendant une durée de quatre ans », a-t-il affirmé.
« Je refuse également la fermeture de composantes ou de campus sur les territoires. »
Il a également rejeté l'idée de faire payer davantage les usagers. « Les perspectives d'augmentation des droits d'inscription seraient des frais à 1 000 ou 2 000 euros. C'est inadmissible. C'est une rupture complète avec la conception de service public de l'enseignement supérieur et de la recherche », a-t-il déclaré.
Un appel à l'État pour un refinancement urgent
Le président a appelé l'État à assumer ses responsabilités : « Il me semble important de faire entendre à l'État le refus de cette logique mortifère », a-t-il insisté. « Nous demandons l'annulation de tous les transferts de charges prévus au budget de 2025, le refinancement des universités à leur niveau d'avant 2020, et la mise en place d'une loi de programmation de l'enseignement supérieur ».
Il a conclu en soulignant l'importance de cette mobilisation pour l'avenir de la jeunesse et du territoire. « L'université ne peut assumer ces nouvelles charges sans compromettre l’avenir de sa jeunesse et son territoire », a-t-il rappelé.
La rediffusion de l'assemblée générale est accessible sur l'intranet. |
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Une audience avec le Recteur pour porter les revendications
Après l'assemblée générale, les représentants de la gouvernance de l'UCA, accompagnés par de nombreux membres de la communauté universitaire, ont marché jusqu'au Rectorat. Lors de l’audience qui leur a été accordée par le Recteur d’académie, Mathias Bernard et les membres du directoire de l'université ont pu exprimer leurs inquiétudes et présenter les trois principales revendications de l'UCA :
- L’annulation immédiate des transferts de charge programmés dans le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025. Ces transferts de charges supplémentaires mettent en péril l'équilibre financier des universités et compromettent leur capacité à remplir leurs missions fondamentales.
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Le refinancement des universités, avec la compensation de l’ensemble des charges transférées par l’État depuis 2022. Sans cette compensation, les universités ne peuvent assumer les surcoûts engendrés par les mesures non financées, telles que les revalorisations salariales.
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La mise en place d'une loi de programmation pluriannuelle de l’enseignement supérieur, pour permettre aux établissements de jouer pleinement leurs missions dans une société et un monde en mutation. Une visibilité financière sur le long terme est essentielle pour planifier et développer des projets ambitieux au service de la jeunesse et du territoire.
Des discussions riches et constructives au Kap
L'après-midi, un temps d'information et d'échanges s'est tenu au Kap, le Learning Centre de l'UCA. Plusieurs membres de la gouvernance ont pris la parole pour approfondir les enjeux liés au fonctionnement de l'université, à la recherche, à la formation, à la vie étudiante et aux liens avec le territoire.
�� #UNIVERSITESENDANGER | Blaise Pichon (VP Vie universitaire) souligne l’impact direct sur les services aux étudiants, complémentaires de la qualité des formations proposées. #Budget2025 #Mobilisation #UCA pic.twitter.com/28PAdM06PM
— Université Clermont Auvergne (@UCAuvergne) December 3, 2024
Des réponses ministérielles insuffisantes
À l’issue de cette mobilisation, le Ministre de l'Enseignement supérieur a apporté des réponses qui n'ont pas rassuré la communauté universitaire. « Il a continué d’évoquer l’importance des fonds de roulement des universités, qui se sont pourtant effondrés depuis deux ans et qui, par ailleurs, sont destinés à financer l’investissement et non les dépenses de masse salariale ou de fonctionnement», a déploré Mathias Bernard.
Le Ministre a également annoncé une « révision en profondeur du modèle d’allocation des moyens aux universités », ce qui ne résout en rien la question du sous-financement global de l’enseignement supérieur. Ces propositions ne sont pas de nature à apaiser les inquiétudes légitimes des universités face aux défis financiers actuels.
Maintenir la mobilisation pour l'avenir de l'université
Face à ces réponses jugées insuffisantes, il est indispensable de maintenir nos revendications et de poursuivre cette mobilisation collective et nationale sur les enjeux de financement de l’enseignement supérieur et de la recherche. « Les modalités de cette mobilisation devront être définies en fonction de l’évolution d’un contexte politique complexe», a souligné le président de l'UCA.
« Vous pouvez compter sur mon implication et celle de mon équipe sur ce dossier crucial pour l’avenir de notre université »
Mathias Bernard, Président de l'UCA
Nous invitons toute la communauté universitaire à rester mobilisée et à participer aux prochaines actions pour défendre notre service public d'enseignement supérieur et de recherche.