Publié le 12 septembre 2023 Mis à jour le 18 septembre 2023

Son nom résonne chaque année, le 25 novembre, dans la cour de l’université, tout comme les noms de ses 130 camarades, lors de la cérémonie de commémoration de la rafle organisée par l’Université Clermont Auvergne.

Qui est-elle ?

Le 25 novembre 1943, la vie d’Arlette Lévy a basculé. Étudiante en deuxième année de licence d’anglais, elle suivait un cours au moment de la rafle lancée par les nazis dans l’ensemble des bâtiments de l’Université. Un tri sinistre dans le hall du bâtiment Carnot avait conduit à une série d’arrestations parmi les étudiant.es et le personnel résistants ainsi que parmi les Juifs. Plus tard dans la même journée, Arlette Lévy a été arrêtée puis internée avec 130 membres de l'université avant d’être envoyée à Drancy, puis à Auschwitz. Elle avait alors 19 ans.

Arlette Levy disait souvent qu’elle avait survécu au cauchemar des camps de la mort grâce à l’entraide des personnes qu’elle a rencontrées et qui partageaient l'horreur avec elle, mais il ne fait aucun doute qu'elle a également fait preuve d’une force mentale remarquable. On peut mesurer sa résilience en lisant les 24 lettres qu’elle a réussi à faire parvenir à ses parents alors qu’elle était en état d’arrestation dans la caserne militaire du 92e régiment de Clermont-Ferrand, lieu qui servait de prison. « Nous tenons bon et tiendrons bon », confiait-elle.
Après la guerre et son retour en France, Arlette Levy est devenue citoyenne danoise en épousant Ole Andersen. Elle a poursuivi une carrière d’enseignante de langue française au lycée de Fredericia dans le Jutland, où elle a fondé une famille. Ce n'est qu'après 45 ans de silence qu'en 1990, Arlette Andersen a choisi de partager son témoignage, en réaction aux négationnistes de l'Holocauste. Depuis 2015, elle a donné un total de 426 conférences à près de 100 000 personnes, notamment des élèves et des étudiants au Danemark. Elle a été honorée en 2016 par l’État français qui l’a nommée officier de la Légion d'honneur en reconnaissance de son remarquable travail de mémoire.
Arlette Levy Andersen est décédée en 2022 à l’âge de 98 ans, mais son travail de transmission perdure. Le journaliste et écrivain Thomas Kvist Christiansen a réalisé en 2016 le film documentaire "Arlette - une histoire que nous ne devons jamais oublier" (2017), auquel l’Université Clermont Auvergne a participé. Son livre "Vi er her for at dø" (2018), traduit du danois et édité par Fabrice Boyer sous le titre "Nous sommes ici pour mourir. L'itinéraire d'Arlette Lévy-Andersen rescapée d'Auschwitz", publié par les Presses universitaires Blaise-Pascal en 2021, préserve et prolonge sa parole. Une exposition, créée par Thomas Kvist Christiansen en partenariat avec l’Université Clermont Auvergne et retraçant le parcours de cette femme exceptionnelle, circule régulièrement au Centre Jules Isaac, mémorial de la Shoah et dans des lycées.

Le nom d’Arlette Lévy Andersen figure sur la façade du Centre de Langues et Multimédia sur le site Carnot, où se trouve également un banc en sa mémoire. Son nom résonne chaque année, le 25 novembre, dans la cour de l’université, tout comme les noms de ses 130 camarades, lors de la cérémonie de commémoration de la rafle organisée par l’Université Clermont Auvergne.

Pour en savoir plus :

Le film
Christiansen, Thomas Kvist. Arlette, une histoire que nous ne devons jamais oublier [archive]. Fredericia : Kvist Film og Kommunikation, 2020

le livre
Christiansen, Thomas Kvist. Vi er her for at dø. Fredericia : Kvist Kommunikation og Billunds Boghandel, 2018. Traduit du danois et édité par Fabrice Boyer (Nous sommes ici pour mourir. L'itinéraire d'Arlette Lévy-Andersen rescapée d'Auschwitz) Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise-Pascal, 2021).

Portrait rédigé par Catherine Morgan-Proux